Hors-jeu depuis quatre ans en raison de problèmes d'oreille, le lyriciste bruxellois Veence Hanao sort du silence avec le clip Asphalte, premier single d'un album annoncé pour le printemps et entièrement réalisé en tandem avec le producteur Le Motel !

« On ne sait plus ce qu'on perd. On ne sait plus ce qu'on perd à… À tant jouer les chiens fous, à repousser les yeux doux, on s'est mis au pera ». C'est avec ces mots, fragiles, quasi posés dans le vide, que l'on retrouve la voix de Veence Hanao après quatre ans d'absence. Verbe nonchalant, langue taillée dans l'urgence, l'auteur oscille entre parole fauve et poésie. Ça dépend du breuvage. Ça dépend des rencontres.

Loin des obsessions formelles et thématiques d'un genre en pleine hype, celui que les Inrocks voyaient comme « la perle rare du rap francophone » raconte, sans masque ni posture, champ et hors-champ d'une existence lambda. Dans ce premier extrait, le trentenaire et l'enfant qu'il était se croisent au carrefour d'une nostalgie cotonneuse et d'un âpre réel. Des vérités qui se disent dans le blanc jauni des yeux, au détour d'un verre de trop, d'un coup d'un soir, d'un premier tram avant l'errance.

Mis en image par le talentueux Bruno Tracq, Asphalte jouit d'un clip tourné de nuit, en plan-séquence, sur le playground de Dansaert en plein coeur de Bruxelles. Il y a de la lumière dans cette nuit-là. Une lumière que l'on doit notamment à l'écrin musical dans lequel viennent se loger les images du rappeur. Un travail d'orfèvre réalisé par Le Motel, producteur récemment plébiscité pour les projets Morale I et Morale II en duo avec Roméo Elvis. Virgules électro, nappes synthétiques, l'architecte sonore réussit la synthèse de l'électronique frontal et de l'organique intimiste.